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Come and bleed home
7 avril 2010

Feel like it's gonna rain

J'ai les yeux ouverts, et le bonheur à portée de ma peau. J'expire doucement, dans l'espoir de. Mais ça ne vient jamais. Jamais. Jamais. Même quand je n'en peux plus, je mêle le faux et le déjà vu, mène mon rêve éveillée. Épuisée. Ce n'est pas la peur ni l'angoisse, latente ou disparue, ni l'attente, ni le jour. Ce n'est pas l'envie qui me fait défaut. Ni la fumée et les cendres que j'entasse dans cette assiette froide. Ce n'est pas la crainte d'un futur, d'un possible ou d'un impossible, d'un lendemain, un nouveau jour, encore de la lumière.
Foetus enveloppé de cette douce matrice, chaude, cotonneuse, rassurante, j'essaie. Mais comme une machine qui disfonctionne, réglée sur d'autres minutes qui n'appartiennent pas à cette nuit. Je me laisse glisser lentement, précautionneusement, je soupire, ferme les yeux...
Mais toujours alertes mes sens se rattrapent au moindre bout de réalité qui survit à mes paupières closes, et le temps à déjà fuit, s'est encore envolé, aspiré par la clarté aveuglante de cette nuit cruelle et insensible. Un énième jour se lève et m'emporte engourdie vers des mots que je ne pourrai écouter. Parce que je n'entends plus, le jour je ne sens plus. Comme saisie, assourdie puis rejetée par la vague, et ne subsiste en guise de trace que l'écume: au soir, de vagues couleurs et quelques bribes de phrases auxquelles j'ai peine à redonner du sens, des souvenirs de rien, déjà morts aux portes de la mémoire. Le brouillard, la douleur sourde qui bat dans mes tempes et la danse incessante des sons que je ne saisis pas. Je ne m'appartiens plus, j'appartiens à la nuit. Elle m'entrave et jamais ne m'accorde les songes. Je suis morte et je marche, par habitude, automate de chair endormie.
Je ne dors plus, la nuit.

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